La "Maison Rolland" d'Henry Nick (1896)
devenue "Foyer Roland" (1968)
L'actuel "Foyer Roland" qui sert à la fois de lieu de culte et de prière pour la paroisse protestante de Mialet et de lieu d'accueil pour des groupes ou des familles, est géré distinctement et conjointement par l'Association cultuelle de l'Eglise et par l'Association culturelle des "Amis du Foyer Roland" mise en place dans les années 1960. C'est une belle histoire qui mérite d'être rappelée; on peut la résumer par les deux mots qu'Henry Nick a voulu donner à ces murs : Accueil et témoignage.
1896 : C'est la date qui marque le début de l'histoire. Henry Nick est à la veille de son départ pour sa grande aventure de Réveil et d'Evangélisation à Fives-Lille, où il restera 57 ans. Mialet est sa première paroisse. Arrivé en 1890 à l'âge de 22 ans, il quittera Mialet 6 ans plus tard; pendant ce séjour, il travaillera au "Réveil" de la paroisse et de la région cévenole. Il se multiplie en réunions de prières, en conférences et en visites. Il connait bien la région où il compte nombre de familles alliées ou amies. Arrivé célibataire en 1890, il succède au long ministère d'Achille Chastand. Il se marie 4 ans plus tard avec Hélène Lecques, fille d'un industriel du Vigan. Cette fin de siècle est celui de la re-découverte des camisards. Au Mas Soubeyran, le descendant des Laporte, diacre de la paroisse, occupe la maison natale de Pierre Laporte, dit Roland (ou Rolland) dont on ne sait pas encore qu'elle deviendra, en 1911, le "Musée du Désert". Cependant, déjà, des visiteurs viennent découvrir la cachette, les armes et la Bible du chef camisard.
C'est la période de la création, à Saint Roman de Tousques de "La Cévenole", ce chant de Réveil de Ruben Saillens et de l'inauguration de la pyramide du col de Fontmort à l'occasion du centenaire de l'édit de Tolérance (1787) de Louis XVI. Ces deux manifestations symbolisent les deux courants du protestantisme de l'époque : les orthodoxes et les libéraux. Il y a l'Eglise concordataire, où les pasteurs sont reconnus et payés par l'Etat et les Eglises "libres", issues du mouvement "méthodiste" ou de l'Armée du Salut. C'est enfin l'époque de la création de nombreuses œuvres et de réflexion sur les questions sociales. Un des mots-clefs pour mettre en œuvre ces idées, c'est celui de "Foyer" : un lieu de réflexion, de prière par la rencontre.Pendant son bref et riche ministère à Mialet, H. Nick reconstitue le groupe de l'Union Chrétienne de Jeunes Gens (U.C.J.G.) qui avait été créée par son prédécesseur, mais avait souffert de la disparition de son premier président, Emile Cabanis, mort en 1880, à 31 ans d'une épidémie de fièvre typhoïde. En pensant surtout aux jeunes, Henry Nick avait acheté, à son nom, cette maison, qui était en vente en face du Temple. Il lui donne le nom de "Maison Rolland". Ce n'est que plusieurs années après que l'on s'aperçut que le "vrai" propriétaire était H.Nick. Il en fit alors don à la paroisse. Ce local a été longtemps fréquenté par le groupe de l'Union Chrétienne de Mialet, les catéchumènes du consistoire et d'autres paroisses. Une époque importante dans la vie de cette "Maison Rolland" fut celle, dans .les années 1960, de la création de l'Association des amis du Foyer Roland. L'équipe qui l'anime et finance les travaux est principalement d'origine suisse. Le pasteur Wasserfallen est suisse ainsi que le pasteur Mingot, qui vient l'été aux Aigladines. Se joint à eux M. Gutt-Neel, qui réside à Corbès dans la maison natale de Mailhé, le lieutenant de Pierre Laporte. C'est Gutt-Neel, peintre, qui colorie à la main les cartes géographiques de l'époque de la guerre des Cévennes et qui créé le logo "du Bon Berger" qui est reproduit sur le petit bulletin envoyé régulièrement aux amis et soutiens financiers suisses et français. Ce logo est censé représenter le méreau de l'Eglise Réformée de Mialet dont on n'a jamais pu trouver d'exemplaires d'origine. Une des premières initiatives de cette association fut d'acheter la maison contiguë pour pouvoir recevoir des groupes, principalement étrangers (suisses, allemands ou anglais).Depuis cette époque, plusieurs équipes ont assuré la permanence et l'entretien des locaux et des plannings du Foyer. Les normes de sécurités nécessaires pour pouvoir accueillir sont devenues obligatoires et rendent l'utilisation plus complexe. Tous ont veillé à garantir à l'héritage de la "Maison" d'Henry Nick son but prioritaire pour l'Eglise locale et la jeunesse. Nous formons des vœux pour que l'équipe actuelle continue dans l'esprit du fondateur de cette Maison.
Georges Cabanis.
Sources : Grégoire Imbert : Henry Nick (1868 - 1954).
Thèse de théologie. Strasbourg. 1985.